Terrifier 3 fait-il peur, et autres questions incontournables
Une autre question étant : pourquoi avez-vous reçu ce mail ?
Bonjour !
Vous vous demandez sans doute pourquoi vous avez reçu ce texte. Il est vrai que je n’ai rien publié sur cette newsletter depuis… euh… longtemps. Vous avez même probablement oublié qui j’étais, et je ne vous en veux pas, ça m’arrive aussi.
Si je me suis absentée temporairement de vos boîtes mail, c’est plutôt pour une bonne raison : le podcast que j’avais lancé avec Marie Telling (suivez sa newsletter Earworm!) s’est transformé en deux podcasts, un livre, un Prix du public, beaucoup d’événements live, et donc un emploi du temps bien rempli.
Si je reviens ici, ce n’est donc pas par excès de temps libre, mais plutôt parce que depuis la déchéance de Twitter, ça me manquait d’avoir un espace d’expression sans contrainte où je puisse dérouler mes réflexions sur le cinéma, relayer les articles qui me tiennent à cœur, et écrire uniquement pour le plaisir. En pur produit de mon époque, j’ai beaucoup trop d’opinions sur beaucoup trop de choses, et je suis tout simplement dans l’obligation de les partager imposer à des inconnus sur internet.
D’autant plus que je vois énormément de films sur lesquels je n’ai pas le temps, ou l’occasion, d’écrire dans les médias qui m’emploient (si vous êtes un média et que vous souhaitez que j’écrive dans vos pages, contactez-moi, on peut sans doute s’arranger). Je vois donc cette newsletter comme un complément spontané, très personnel, et un peu moins lapidaire que Letterboxd, à mon travail de Journaliste Rémunérée™. Vous y trouverez des recommandations de films, des liens, ainsi que quelques réflexions éphémères sur le cinéma (ou le fromage).
Je ne garantis pas une régularité parfaite, mais si ça vous dit de continuer à me suivre, alors c’est parti.
À l’affiche
L’histoire de Souleymane : Si vous ne devez en voir qu’un, choisissez celui-ci. Un des meilleurs films de l’année, qui nous plonge dans le quotidien tendu d’un livreur sans papiers à Paris. Mon article, avec interview du réalisateur Boris Lojkine.
Emmanuelle : Ok j’ai menti, si vous ne devez en voir qu’un il y a aussi celui-là. Un film à la fois cérébral et sensuel, d’une intelligence fulgurante, et, si j’en crois les retours de beaucoup de confrères, terriblement incompris. Je suis ravie d’avoir pu en parler avec Audrey Diwan, une des cinéastes les plus enthousiasmantes du moment.
Niki : J’ai été très émue par ce biopic de l’artiste Niki de Saint Phalle, avec une Charlotte Le Bon remarquable. Mon interview avec la réalisatrice Céline Sallette.
The Apprentice : Ayant vu le film à Cannes, ma fatigue et mes attentes élevées ont peut-être joué, mais j’ai été assez déçue – malgré l’excellente performance de Jeremy Strong, mon éternel MVP.
Lee Miller : Un vieux bol de soupe tiède et grumeleuse. Certes, ça se mange, mais c’est assez indigeste.
Le Robot Sauvage : J’ai tellement pleuré devant ce film que j’ai dû m’acheter un petit bidule massant à Sephora pour faire dégonfler mes yeux. Je recommande (surtout le film).
Joker Folie à Deux : Une suite pénible qui n’a rien à dire. En termes de clowns dérangés, je préfère largement Art, celui de Terrifier.
D’ailleurs… Terrifier 3 fait-il vraiment peur ?
Depuis que je suis allée voir le film, beaucoup de gens me posent la question, alors je saisis cette occasion pour faire un peu de service public. Ce nouveau film d’horreur sanglant, sur un clown qui tue tout le monde, domine le box-office français depuis sa sortie malgré son interdiction aux moins de 18 ans. Mais est-ce que ça fait peur? Venant d’une fan de films d’horreur mais aussi d’une grande chochotte: non. On n’y trouve pas vraiment de jump scares, et son ton, comme pour le précédent, est plutôt celui d’une farce gore et grotesque.
Cependant. Si le mauvais goût vous terrifie, alors oui, il vaut mieux éviter. Terrifier 3 ne fait pas peur, mais il est, et j’insiste là-dessus, absolument dégueulasse. C’est un film visuellement, moralement et soniquement répugnant, un sacrilège permanent, un déferlement d’hémoglobine, de scalps et de boyaux d’une violence inconcevable. Perso, j’ai adoré.
Contrairement aux Joker de Todd Phillips, Terrifier ne cherche pas à expliquer, nuancer ou psychologiser son personnage principal. C’est un clown qui tue des gens, et c’est aussi simple que ça. Dans une ère où tout le monde se prend de passion, voire de compassion, pour les tueurs en série (dérive que Terrifier 3 tacle de manière assez jouissive), cette approche frontale, ludique et sans chichis a quelque chose de reposant. Avec son budget riquiqui (deux millions de dollars), ses nombreuses scènes muettes et ses effets spéciaux incroyablement ignobles, c’est aussi une impressionnante réussite technique, et un rappel que l’horreur reste un des genres les plus inventifs du cinéma.