Désolée, désolée, me revoilà. Entre l’apocalypse imminente, le lancement d’un nouveau podcast et les fêtes de fin d’année, j’ai un peu délaissé cette newsletter… mais je reviens in extremis pour vous offrir ce contenu culturel rare et précieux: un top de fin d’année!! Je sais que vous en rêviez.
On va faire vite sur ce que vous savez déjà: l’année ciné, comme l’année tout court, a été déprimante, et avec l’annulation de Cannes, la fermeture des salles de cinéma et les reports incessants, c’est une immense source d’épanouissement, de réconfort (et de revenus) qu’on nous a dérobée. Et pourtant, à l’heure du bilan, je me dis que malgré tout, celui de 2020 a quelque chose d’enthousiasmant. Déjà parce qu’il y a tout de même eu de très bons films, des films que je chérirai encore dans trente ans et qui m’ont immédiatement donné le sentiment d’assister à quelque chose de grand.
Et puis, en regardant les divers tops des médias, journalistes, blogueurs.ses, ou artistes de différents pays, le premier constat est qu’aucun ne se ressemble. Là où les festivals et les grosses sorties donnent généralement le ton de l’année et font émerger les favoris de la conversation médiatique, en 2020, tout était différent. Nos habitudes ont été complètement chamboulées, et sans salles, nos sources se sont éparpillées. En l’absence de frontrunners évidents, tout devient possible. Si 2020 avait été une année normale, des premiers films comme Relic ou The Vast of Night n’auraient peut-être pas trouvé leur place dans autant de classements, et je me réjouis de les avoir vus aussi souvent cités. (Le revers de la médaille, c’est que si 2020 avait été une année normale, moins de gens m’auraient saoulée* avec Drunk.)
*vous l’avez?
Sur ce, passons donc au segment le plus iconoclaste de cette newsletter: mon top 10 des meilleurs films de 2020.
Les Filles du Docteur March, Greta Gerwig
Uncut Gems, Josh et Ben Safdie
Never Rarely Sometimes Always, Eliza Hittman
I’m Thinking of Ending Things, Charlie Kaufman
Mignonnes, Maïmouna Doucouré
Kajillionaire, Miranda July
Relic, Natalie Erika James
Birds of Prey, Cathy Yan
The Vast of Night, Andrew Patterson
Invisible Man, Leigh Whannell
Je me suis basée sur les sorties françaises et l’offre légale de streaming, sans quoi Lovers Rock, de Steve McQueen, aurait atterri directement en deuxième place de ce classement. Parmi les autres absents notables dont j’espère pouvoir vous parler l’année prochaine, il y a aussi l’excellent The Nest, dont la sortie était au départ prévue pour novembre, ainsi que The Assistant, thriller américain glaçant sur l’assistante d’un producteur clairement inspiré par Harvey Weinstein.
À l'affiche (enfin vous avez compris quoi)
Soul (Disney)
Il serait temps que Pixar renouvelle ses histoires d’univers parallèles, mais si Soul n’atteint jamais les sommets de Vice Versa, le film a tout de même réussi à me surprendre (et à me faire verser 45 hectolitres de larmes).
Hillbilly Elegy (Netflix)
Aussi boursouflé que les prothèses de Glenn Close.
Mank (Netflix)
J’avoue que je me suis un peu ennuyée devant cet hommage au vieil Hollywood. Seule la performance d’Amanda Seyfried se démarque.
Happiest Season (Univers Ciné)
On garde Kristen Stewart et Aubrey Plaza en costard, et on jette tout le reste.
Ma Rainey’s Black Bottom (Netflix)
Difficile de ne pas se laisser submerger par l’émotion face à la dernière performance de Chadwick Boseman, qui crève l’écran dans cette belle adaptation d’une pièce d’August Wilson.
Le coin VHS (aka les vieux trucs vus ou revus)
Piégée (Steven Soderbergh)
Peu de choses sont aussi satisfaisantes que regarder Gina Carano casser du bonhomme.
L’extraordinaire Mr. Rogers (Marielle Heller)
Les films de Marielle Heller frappent toujours par leur élégance et leur délicatesse. Elle avait donc le profil parfait pour mettre en scène ce drame doucement dévastateur sur Fred Rogers – un animateur de télé connu pour son extrême douceur.
La cordillière des songes (Patricio Guzmán)
Je l’avais raté à Cannes, mais j’ai été très touchée par ce documentaire sur un Chili qui n’arrive pas à se relever de son passé.
Bonus DVD
J’adore Hors d’Atteinte, et j’ai adoré cet article qui rappelle pourquoi le film fonctionne aussi bien: plus qu’un film de braquage, c’est une histoire d’amour.
Un article fascinant sur les équipes de films et de séries qui s’adaptent à la pandémie, en castant des couples qui sont ensemble dans la vraie vie, ou en tournant dans des champs de maïs…
FKA Twigs accuse l’acteur Shia LaBeouf de violence domestique et l’attaque en justice.
Le New York Times a classé les 25 meilleurs acteurs et actrices du 21e siècle. Je l’avoue, je suis un peu triste que Ryan Gosling n’y soit pas, mais agréablement surprise d’y voir figurer une sélection aussi vaste que Viola Davis, Zhao Tao, ou Joaquin Phoenix.
Le site RogerEbert.com fait quant à lui l’inventaire des meilleures performances de 2020, et même si certaines (Carrie Coon dans The Nest, Riz Ahmed dans Sound of Metal) n’ont pas été visibles en France cette année, l’article est excellent.
Cette histoire sur le directeur de la photographie Matthew Libatique (dont le CV s’étend de Requiem for a dream à Birds of Prey), qui pense avoir été drogué en Pologne, est aussi étrange que flippante.
Un très beau (et triste) bilan de 2020.
Parce que c’est ma newsletter, j’achève celle-ci avec encore un peu plus d’autopromo : si vous aimez aussi les séries, j’anime avec Marie Telling un podcast sur le sujet. C’est produit par Slate et ça s’appelle Peak TV. On a aussi lancé récemment AMIES, dans lequel on débriefe chaque saison de Friends (petite série que je n’avais jamais regardée avant 2020). Voilà, je m’arrête là et je m’en vais profiter de ma bûche individuelle.
Bravo pour cette dernière newsletter de 2020 et pour votre nouveau podcast AMIES que j'adore et dont j'attend le nouvel épisode avec impatience. Très bonne année à vous.