Les crédits de fin me manquent
Mais pas les gens plus grands qui s'assoient devant moi au ciné.
Bon bah c’est reparti. On est une nouvelle fois privés de cinéma, et même si les nombreuses plateformes de streaming nous aident à passer le temps, je regrette déjà de ne pas avoir passé mes dernières journées pré-confinement enfermée dans une salle obscure. Je n’ai pas eu le temps de voir City Hall, ni Adieu les cons, ni Peninsula, ni Garçon Chiffon. Oui je sais, j’aurais pu faire un effort…
Dans les moments où le cinéma me manque un peu trop, j’essaie de penser à tous les trucs nuls qu’on ne trouve que dans une salle de ciné: le sol moisi, les miettes non-identifiées de la séance d’avant, le mec trop grand qui s’assoit pile devant, les gens qui parlent ou regardent leur portable pendant la séance (le pire crime imaginable dans un cinéma)… Autre truc un poil frustrant: les gens qui se lèvent à la seconde où les crédits de fin démarrent. Je sais, je sais, on a tous une vie rapide et d’autres trucs très importants à faire comme aller pisser avant qu’il n’y ait la queue. Et ça m’arrive aussi parfois (surtout quand j’ai trouvé le film nul) (ou que j’ai très envie de pisser). Mais dans l’immense majorité des cas, je reste assise jusqu’à ce que les lumières se rallument. Déjà, parce que les crédits font partie intégrante du film, et listent toutes les personnes qui ont travaillé très dur pour que vous puissiez voir cette œuvre. C’est aussi là que vous pouvez découvrir que la musique ou la photographie ont été réalisées par quelqu’un que vous aimez (ou noter le nom de la personne si vous ne la connaissiez pas), ou encore repérer des petits détails amusants comme le fait qu’un réalisateur a embauché la moitié de sa famille sur le tournage, ou encore que vous avez un homonyme qui est chef décorateur. Si je n’avais jamais regardé les crédits de Mortel sur Netflix, je n’aurais jamais su que le créateur remerciait Buffy et Don Draper à la fin! Et ça, c’est une information très importante.
TOUT ÇA POUR DIRE que, plot twist, je préfère encore ces moments un peu frustrants où la moitié de la salle se lève, que l’alternative proposée par Netflix, Apple et compagnie. Pour mieux favoriser le binge-watching, les plateformes, elles, ont choisi de tout simplement zapper les crédits et lancer automatiquement un autre programme au bout de 3 secondes. En regardant le dernier film de Sofia Coppola, On the rocks, sur Apple, j’ai dû relancer le générique cinq fois pour réussir à le voir en entier. Ça m’a d’autant plus foutue en rogne que la musique était composée, évidemment, par Phoenix, et que leur morceau offrait une conclusion parfaitement douce à mon visionnage.
Parce que oui, j’oubliais: regarder le générique défiler, c’est aussi une expérience quasi méditative, qui permet de rester plongé.e un peu plus longtemps dans l’œuvre qu’on vient de voir. De se demander si on a aimé ou pas, de sécher nos larmes discrètement avant que la lumière se rallume, ou dans le cas de Pirates des Caraïbes, de chanter la musique à tue-tête et d’agacer tous nos voisins de siège. C’est un moment suspendu dans le temps, qui permet de digérer le film et l’effet qu’il nous a fait quelques minutes de plus, avant de retourner au monde réel. Je crois que c’est un de mes moments préférés dans l’expérience de la salle, en fait, et il me manque beaucoup.
À l'affiche
Y a plus d’affiche !! haha. *se pend*
His House (Remi Weekes)
Bon, à l’affiche sur Netflix, il y a quand même ce film d’horreur terrifiant (vraiment, j’insiste) sur un couple de réfugiés sud-soudanais qui s’installent dans une maison sinistre au Royaume-Uni. Wunmi Mosaku, qui joue aussi Ruby dans Lovecraft Country, est captivante.
On the rocks (Sofia Coppola)
Bill Murray incarne une espèce de New Yorkais féérique qui charme toutes les femmes, connaît littéralement tout le monde, et se balade dans un cabriolet rouge avec du caviar et du champagne. Rashida Jones, qui jouait déjà la straight-woman dans Parks & Recreation, est une fois de plus très bonne dans le rôle de la meuf basique. Un petit film, dans le bon sens du terme.
Le coin VHS (aka les vieux trucs vus ou revus)
Cam (2018)
Un excellent thriller horrifique, sur une cam girl qui se retrouve hackée par son double maléfique.
Alice et le maire (2019)
Je crois que j’avais mal lu tous les tweets sur ce film, parce que je m’attendais vraiment à voir Anaïs Demoustier aider Fabrice Luchini à écrire ses discours pendant tout le film. Du coup, j’ai eu des blue balls cinématographiques pendant une bonne heure, jusqu’à la fameuse scène – mais quelle scène!
Terminator: Dark Fate (2019)
J’ai des goûts simples. Vous me mettez Mackenzie Davis en marcel, je regarde.
Mid90s (2018)
Je pensais que ça serait un hangout movie nostalgique et sympa, en fait c’était hyper badant, vous auriez pu prévenir. À part ça, je suis impressionnée par l’écriture sensible de Jonah Hill, et par sa mise en scène cool mais pas frimeuse.
The Report (2019)
Mon truc préféré avec les films «exposé» (ici, sur le recours à la torture par la CIA après le 11-Septembre), c’est leurs castings d’ensemble. Je pensais avoir déjà repéré tout le gratin hollywoodien, et là, PAF, Matthew Rhys débarque 20 minutes avant la fin! Sinon, c’est sobre et captivant.
La Colline a des Yeux (1977)
Le bébé de ce film = moi face à 2020.
Bonus DVD
Cet épisode du podcast The Big Picture tente de trouver des solutions créatives pour améliorer la cérémonie des Oscars, en cette année covidienne (mais aussi plus loin dans le futur). Et ça se termine par une super interview sur l’avenir de l’industrie avec Alex Ross Perry, un des réalisateurs (Queen of Earth, Her Smell) les plus intéressants de sa génération (fun fact: c’est le premier réalisateur que j’ai interviewé en 2011).
Le trailer de Stardust, futur biopic de David Bowie, est sorti, et une question s’impose: est-ce qu’on peut arrêter avec les biopics interchangeables où les acteurs portent un dentier?
Les copains de la newsletter Calmos ont ouvert une cagnotte, et vous devriez les soutenir parce que dans le game de la newsletter ciné, on ne fait pas mieux.
En tant que grande fan du sang fluo de Suspiria, je ne peux qu’apprécier cet article sur l’histoire du faux sang dans les vieux films d’horreur.
Le réalisateur David Moreau (Ils, 20 ans d’écart) a été écarté de son propre tournage après avoir été accusé d’agression sexuelle par une technicienne.
L’incroyable Lynne Ramsay (We Need To Talk About Kevin, A Beautiful Day) va adapter La Petite Fille qui aimait Tom Gordon, un de mes Stephen King préférés. Je suis joie.
Pour finir
Cinq films Netflix qui sont vraiment vraiment bien
Ils ne sont pas sortis au ciné mais ils sont bien quand même.
Roma: le premier chef d’œuvre Netflix.
Uncut Gems: excellent mais pas recommandé si vous êtes stressé.e en ce moment.
La Ballade de Buster Scruggs: un délicieux film à vignettes des frères Coen, parfaitement adapté à un visionnage en streaming (vous pouvez en regarder un bout chaque soir).
High Flying Bird: tant que Steven Soderbergh continuera de disrupter le cinéma, je le suivrai sur n’importe quelle plateforme.
The Irishman: comme quoi, parfois ce Scorsese il fait des films pas mal.
Aaah merci!! MERCI Anaïs ! Je finissais pas croire que j'étais vraiment le seul sur Terre a rester jusqu'au bout des crédits de fin du film.
La dernière fois c'était pour Tenet y'a 1 mois et demie, même la personne qui faisait le ménage dans le cinéma m'a regardé d'un air surpris : "HAAAAA Y'A ENCORE QUELQU'UUUUN !!! SÉCURITÉÉÉ !!"
Sur Netflix pour avoir le générique de fin tu peux passer l'option téléchargement du film, et ça ne coupe pas. Après moi j'avoue qu'au ciné je zappe (enfin j'attends que la lumière se rallume quand même je suis pas un monstre complet ;)- j'ai travaillé un moment en tant qu'ouvreuse, et j'ai un assez mauvais souvenir d'un type qui restait systématiquement et en prenait des grand airs supérieurs.